Une vieille complice

Publié le par Evelyne Patricia Lokrou

Suite 5:

Ce soir-là, quand je rentrai chez moi, je constatai, avec  tristesse et colère, que mon nouvel ami avait disparu. Je n'en crus pas mes yeux. J'avais les jambes en coton. La main tremblante, j'appelai la police. Elle fit une enquête qui ne mena à rien. Ma vie fut bouleversée par cette soudaine disparition. Je ne savais plus que faire. Il était devenu, pour moi, aussi précieux et nécessaire que l'air que je respirais. Je n'avais pas la force de vivre sans lui. Je souffrais comme un damné. Il me fallait pourtant réagir.

C'est cette raison qui me poussa à revenir, ce soir-là, avec ma bonne et vieille amie. Mais, je figeai, comme pour me punir de mon rejet passé, ne sachant comment l'apprivoiser à nouveau.

Quelque chose, entre elle et moi, s'était brisée. La réconciliation serait certainement longue et pénible. Je m'en voulais énormément.

 « Je suis impardonnable, pensai-je. Elle a toujours été loyale et fidèle, alors que moi, je l'ai trahie lâchement. C'était ma meilleure complice. Qu'est-ce qu'un écrivain comme moi pouvait souhaiter de mieux ? Qui eut imaginé une telle conduite de ma part ?»

Soudain, je compris la chance que j'avais eue de l'avoir à mes côtés pendant toutes ces années. Je commençais à regretter nos tête-à-têtes nocturnes. J'avais la nostalgie d'une complicité perdue. Il me fallait faire naître à nouveau la magie envolée.

Le lendemain matin, je promis de m'occuper de ma bonne et vieille machine à écrire. Je me jurai que plus jamais je ne m'intéresserais à un ordinateur. Je m'aperçus que je tenais à elle comme à la prunelle de mes yeux. C'était elle, ma machine à écrire, ma plus vieille complice. Peu m'importait qu'elle ne soit plus vraiment à la mode.

 

Fin

Publié dans Nouvelle

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